07/08/2011

Perspective décevante


Il y a un certain temps déjà que cette idée me trotte dans la tête. Écrire un texte sur un point de vue, une réflexion qui sans doute a traversé l'esprit de nombre d'entre nous, mais que, pardonné mon inculture ou mon ignorance je n'ai lu nulle part encore. Mais je sais que d'idées nouvelles ce monde ne produit plus, et que je ne fais pas exception à la règle. Aussi, je vous serais reconnaissant d'éclairer mes lanternes en me signalant tout texte déjà paru sur le thème que je m'apprête à aborder ici à savoir celui du constat de la vanité de certaines innovations techniques. Je vous rassure il n'est pas question de gadgets dont l'inutilité a depuis longtemps été prouvée. Je limiterais ma réflexion à un seul domaine : celui des images et plus particulièrement celui du cinéma.

Retour sur futur

Il y a peu de ça, alors que je regardais le premier épisode de la série cinématographique de James Cameron Terminator, je constatais effaré que les effets spéciaux avait mal vieilli. J'en fus étonné, d'autant que je me souviens des impressions fortes que j'avais gardé du premier visionnage de ce film. Comment avais-je pu me laisser duper à ce point par des effets aussi grotesques ? Telle fut ma première réaction. Après quoi, je me suis dit que j'avais vieilli et que mon regard sur le monde était peut-être désormais dépouillé de cette capacité d'émerveillement que l'on prête souvent aux enfants. Je vieillissais, il était donc normal que mes souvenirs suivent le mouvement. J'allais tourner la page quand je compris que mon étonnement, qui avait pris la forme d'une interrogation, n'était pas moins dénué de cette faculté enfantine, au sens noble du terme s'entend, qu'est l'émerveillement. Il se trouvait juste qu'il ne s'exprimait plus en terme vide, de simple enchantement. C'était devenu une interrogation. Plus jeune je ne me serais pas posé la question de savoir comment le cinéaste avait réussi à me faire rentrer dans son imaginaire. Je me serais juste contenté, tout comme je l'ai d'ailleurs fait, de profiter du spectacle. Me laisser porter par la vague des émotions, des sensations. Je me serais laissé griser, enivrer par l'aventure, le spectacle qu'il m'était donné de voir. Quoi qu'à bien y réfléchir, les questions naissent d'une forme d'émerveillement. Les questions naissent d'une impression , d'une intuition, celle du sens. Les réponses ne venant que plus tard pour former un corpus qui donne sens. Et je n'ai plus le même âge. Aussi, en comparant les effets spéciaux de l'époque du premier Terminator avec ceux dont use le cinéma actuel, je constate le chemin parcouru. Puis je me dis que dans quelques temps, ce que je considère aujourd'hui comme hyper-réaliste sera regardé avec le même regard circonspect avec lequel j'ai revu le premier Terminator. Et là soudain me vint la question suivante : pourquoi s'évertue-t-on à vouloir perfectionner des effets qui demain n'auront plus le même impact. L'oeil humain s'étant habitué et recherchant encore et toujours quelque chose de plus abouti tout en sachant que viendra le temps ou cette nouveauté ne sera plus au goût du jour ? Et là ce fut le vertige. J'en concluais que je n'aurais pas pu participer du milieu de la mode et je plaignais les créateurs et autres couturiers. Mais je sais que ma réflexion ne peut se satisfaire de cette réponse. D'ailleurs, on pourra m'objecter que le simple fait que j'ai pu me laisser prendre par les effets spéciaux anciens, suffit à justifier leur existence. Ils nous préparent au vertige que l'on peut ressentir face à la véritable nature de ses artifices, nous évite le sacrifice. Le dégoût que l'on peut ressentir face à la vie, s'ils n'ont pas su susciter en nous un quelconque intérêt pour la vérité ou pour parler autrement : la réalité.

Par ailleurs, pourquoi devrait-on priver toute une génération de ce principe qu'est celui de l'émerveillement quand on sait le rôle qu'il joue dans nos existences, sous prétexte que dans dix ans l'effet sera éventé ? Fini la magie, fini le cirque, fini tout spectacle fonctionnant sur ce mode d'expression? Et que vive la tyrannie du réel ? Triste réalité donc ! Ce n'est pas ainsi que j'imagine l'existence. Agir de la sorte serait sans doute commettre une belle boulette. D'autant que, que nous le voulions ou non, ces effets jouent un rôle prépondérant dans notre éducation : ils nous apprennent à nous méfier des apparences, à voir au-delà, à remettre en question ce qu'on nous présente comme la réalité ou la vérité. D'autre part, si l'on se penche plus encore sur ce sujet on peut se rendre compte de l'envergure des questions qu'il soulève. Telle que, la remise en cause des limites que constitue le réel, la place de l'illusion dans nos démarches intellectuelles, le plaisir du jeu et de la recherche etc...

Je souhaite donc par cette note susciter votre intérêt et ouvrir un débat sur le sujet. D'avance un grand merci pour votre participation.

Dagara Dakin

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