06/05/2011

LE COÛT DU GESTE


PART ONE

Des feuilles de papiers s'immisçaient systématiquement entre chacune de nos initiatives, les retardant, les reportant parfois aux calandres grecs voire même à jamais...

L'oubli, n'était pas possible, le geste n'ayant pu être exécuté. La violence était latente, générée qu'elle était par la frustration de ne pouvoir effectuer une simple action naturelle.

Marcher, avancer, aller de l'avant.

Notre rapport au monde et au corps prenait alors des allures complexes. L'information ne circulait plus comme elle devait... Il y avait définitivement comme une scission entre le penser et l'agir. La dimension est avant tout affaire de perception. Si nous nous représentons le monde vaste et hostile, il apparaîtra comme tel. Si par contre nous l'envisageons moins hostile, plus accueillant, il est de forte probabilité que faisant le pas vers lui, il fasse le chemin aussi en notre direction. Ainsi nous venons au monde, mais il vient également à notre rencontre. En définitive, nulle n'est immobile, tout est mouvement. La vie en somme, celle qui coule dans les veines même de celles et ceux qui n'en n'ont pas : les "sans veine". Pas de peau, pas de bol, pas de chance.

COMBIEN DE GESTES INUTILES DEVIONS NOUS FAIRE AVANT QUE DE NE FAIRE CELUI QUE NOUS CHERCHIONS A EXÉCUTER ?

Tout était affaire de croyance. Celle qui dominait influait nécessairement sur nos comportements. Nous pouvions par exemple croire que le monde était beau et merveilleux mais si la pensée dominante disait l'inverse, nous pouvions aussitôt après en avoir aperçu la beauté voir la laideur prendre le pas sur le beau. Et progressivement recouvrir notre vision idyllique. Il faut de l'endurance pour réussir à imposer sa propre réalité. Il faut de la volonté et de l'énergie pour réussir à faire persister sur la rétine la vision ou du moins l'idée que l'on se fait du monde.

Nous ne comprenions pas toujours cela. La vie est un combat dit l'adage. Mais nous pensions que le combat s'arrêtait un jour. En réalité il prend juste une autre forme au fur et à mesure que nous évoluons et que nous relevons les défis de l'existence.

Nous nous demandions régulièrement pourquoi cela nécessitait autant de temps pour parvenir à ce que nous voulions. Pourquoi nous avions tant l'impression d'être empêché.

Une réponse, nous était parfois apportée qui disait : "c'est l'apprentissage, c'est le métier qui rentre". En réalité rien de rien n'entrait, tout fuyait. La seule chose qui nous habitait était le doute. Nous doutions d'avoir le droit d'agir. Nous doutions d'avoir le droit d'être.
C'était tout juste si nous ne nous excusions pas d'être né, un jour de printemps, plein soleil, beau temps. Un dimanche, une après-midi, à l'heure du rêve.

De ce fait, sous entendu du fait de tout ce tas de doutes, nos horizons se rétrécissaient progressivement puisque la seule manière concrète d'appréhender l'espace est de le parcourir. Nos interlocuteurs eux parlaient d'occuper.

"Occuper l'espace" qu'ils disaient. Mon dieu ! quelle vacuité. Quel manque d'imagination. La mort qu'ils se refusaient à voir et à appréhender, était la seule chose qu'ils avaient à proposer en échange. Le dialogue n'était plus possible... l'avait-il était un jour d'ailleurs.

À bien y regarder, force est de constater que non.

PART TWO

Parce que naviguer entre les lignes, comprendre que de tous il faut se méfier. Car forcément, une impression bizarre d'être en terre ennemie habite votre être tout entier, l'esprit mis à part peut-être mais là encore le doute subsistait, persistait. De sorte qu'une ligne de démarcation s'était subrepticement dessinée entre chacun d'entre nous.

La difficulté pour les uns et pour les autres à clairement dire de quel bord ils étaient, tenait de cette nécessité que l'individu a d'appartenir à un groupe. Refuser la définition que l'on se faisait du groupe à l'époque ne nous épargnait pas de ce besoin viscérale d'appartenance. Nous voulions juste y apporter quelques nuances. Telle que cette évidence : ceux qui n'appartenaient pas au groupe n'était pas forcément ou nécessairement des ennemis, ils avaient juste d'autres centres d'intérêt que les nôtres. Leur vie n'avait pas pour autant moins d'importance que la notre.

Il faut du temps pour sortir des ornières d'une perception voire d'une conception binaire de ce que c'est que d'être humain.

Nous entrions alors de plain-pied dans un autre siècle, les questions identitaires étaient désormais derrière nous. En face se trouvait donc des hommes qui tentaient de s'adresser à d'autres hommes dans leur plus simple singularité.

Longtemps le monopole de l'idée que certains se faisaient de ce que s'est que d'être humain appartenait à un camp, un clan nommé Occident. Des hommes se sont élevés pour combattre cette conception monolithique voire inique et dénué de toute générosité. La peur naviguait dans chacune des parcelles des cerveaux enfumés d'où avait germé cette idée de l'homme, dont il ne m'intéresse nullement ici d'énumérer les caractéristiques. En faisant cela je risquerais moi-même de laisser croire aux uns et aux autres que cette homme existe. Comment pourrais-je décrire ce que je ne peux concevoir ? L'esprit aime tant la facilité, qu'un stéréotype est vite pris par lui pour une vérité universelle. "Ah... si seulement le repos nous était permis", songe d'aucuns... Et ne pouvant l'obtenir par l'effort, la constance, et le respect d'autrui, ils construisent des schémas tout fait, des cases dans lesquelles les uns et les autres doivent entrer...

Hey ben, messieurs, dames, au boulot, car de ma case je suis définitivement sorti...

Aussi éloigné que j'en fus, je suis revenu à la case départ. Elle a pour nom LIBERTÉ. Et sur les murs, sur mes cahiers d'écolier, j'écris encore son nom, et dans les rues de vos villes aux visages grillagés, fermés, je crie encore son nom : LIBERTÉ

C'est à l'école de la république que je l'ai appris. Mais, ces derniers temps il y a une tendance à remettre en question cette vérité d'évidence : Les hommes naissent libres et égaux en droit.

À regarder la population qui squatte à longueur de temps nos écrans de télévision, une drôle d'impression parcourt mon être bien souvent. Impression que nous sommes à la fin d'une époque mais que les protagonistes qui en ont pompé le miel jusqu'à la lie n'en n'ont pas conscience. De sorte, ils continuent à se prêter encore au jeu du paraître, oubliant d'être, oubliant par la même occasion qu'un jour ou l'autre il leur faudra sortir de cette boite. Ah... dure loi de la nature ! The révolution will (definitively) not be televised, Gill Scott Heron sing it -paix à son âme de grand Monsieur.

La vie reprend toujours le dessus. Et aujourd'hui elle réclame son du.

@copyright Dagara Dakin, 6 May 2011.

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