29/03/2012

Contre les montagnes, vents et marées


Nous nous érigions contre des montagnes, poussant des cris au-de là du raisonnable voire même du nécessaire.

Nous pensions sincèrement mais naïvement et avec une énergie folle, dites aussi du désespoir, propre à notre jeunesse qui venait tout juste de commencer, pouvoir changer les données. Puis, nous nous sommes tous et toutes effondré(e)s d'un coup sec, net et sans bavure, un beau matin en plein mois de juillet. Face à nous se tenait en effet une évidence : toutes nos agitations n'étaient que pures gesticulations. Dans le sens où elles n'avaient aucun impact sur le réel. Ou si j'osais la redondance « aucun impact réel sur la réalité du même nom ». Ceci étant, c'était pour nous une manière comme une autre de ne pas rester indifférent à l'air ambiant. Nauséabond. Il nous fallait bien naître un jour, mourir le lendemain puis renaître le jour suivant. Toute naissance digne de ce nom commençant par un cri dit primal, mais qualifié à nos âges de « primordial ». Nécessaire au sens philosophique du terme... Vital. Nous étions en rage against the machine. Fuck you we want do what you tell us, ass hole ! Entonnions nous toutes et tous bouches en coeur, cul de poule, piment bec d'oiseau.


Si nos idées étaient claires et limpides pour nous, il n'est pas certain qu'elles soient apparues comme telles aux yeux de nos proches. Et leur silence face à nos agitations nous renvoyait la vague impression que nous étions fous. À peine étions nous bon à voler au-dessus d'un nid de coucous. Je me lève !


Nous étions adolescent plein de rêves et d'ambitions, mais des ambitions qui n'avaient rien a voir avec le luxe, le confort ou l'argent. Rêveur, utopiste. Bien que nous ne refusions pas fondamentalement un peu de confort, nous n'acceptions cependant que celui dont nous avions besoin pour nous permettre de nous réaliser pleinement en tant qu'individu. Mais, une fois devant le réel nous avons abdiqué.

Qui nous tendrait la main vers des lendemains meilleurs ? La question se posait étant donné que les adultes avaient désertés la scène ou se jouait nos destinées depuis trop longtemps. Était-ce cela que d'aucuns nomment le passage vers une autre génération ? Et nous qui croyions qu'il y aurait quelqu'un pour nous passer le relais... Mais non, mais non, nos vieux refusaient juste de céder la place. La perche qu'il nous tendait il la retirait aussitôt que nos doigts commençaient à la frôler. Démerdez vous ! Vous êtes grands désormais... Ok d'accord, en effet. Mais voilà, il y avait un hic : certains d'entre eux occupaient tout le terrain de jeu. Leurs noms apparaissaient systématiquement au bas des pages de tous les documents que nous lisions et qui avaient pour objet le champ d'action dans lequel nous souhaitions agir.


Au bout d'un moment après la colère qui disait : « Bon sang vous allez vous pousser pour qu'enfin nous puissions nous y coller !», venait le dégoût, l'envie de vomir. Le trop plein. Le trop de présence à un effet inverse parfois à celui escompté, c'est ainsi. Celui qui insiste pour être vu partout et surtout n'importe où souffre à n'en pas douter d'un déficit de reconnaissance, ou alors d'un sérieux manque de confiance en lui. La peur de disparaître des radars ne peut s'expliquer autrement. La question qu'ils devaient se poser mais qu'ils se refusaient à se poser est toute simple : sommes nous à la bonne place ? N'avons nous pas été mis là en attendant mieux ? Pas de réponse, parce que la question une fois posée, elle est aussitôt mise de côté, éludée parce qu'il y a encore un autre espace qui se révèle inoccupé par leur présence. Tellement présent que cela en était vide de sens... Il faut dire qu'ils n'en trouvaient pas eux-même à leur existence.


Leurs rêves pour nous n'étaient pas ceux auxquels nous aspirions. Le monde à nos yeux demeurait inchangé. Le capitalisme avait triomphé de toutes les utopies les plus humanistes, lesquels s'étaient fourvoyés dans les labyrinthes obscures de la pensée. Devenant pure dictature, traçant un grand trait sur la vie et l'existence de milliers d'êtres humaines. Rayée. Là s'achevait toutes utopies. Et avec la fin des idéologies ne s'arrêtait pas pour autant le processus de la mort à l'œuvre, bien au contraire. Le capitalisme reprenant la relève et les vieux principes l'aidant dans ce sens. Il y avait de quoi désespérer.

Ce d'autant plus que la perversité du capitalisme résidait dans sa capacité à récupérer toutes formes de contestations. Aussitôt qu'une voix s'élevait contre elle, le lendemain nous la retrouvions dans l'antre du capitale tenant toujours les mêmes propos mais utilisé par cette dernière pour vanter les mérites du capitale. Et ceci à l'insu de son grès. Piégé, pigé ? Ingestions puis digestions, et enfin déjection. Ring the alarm ôôôh, Another sound is dying ôôôh...

Et le même phénomène était à l'œuvre à tous les niveaux de la société, qu'il s'agisse du milieu intellectuel ou de celui du divertissement.


Pour preuve, désormais nous connaissons tous la trajectoire des étoiles ou des vedettes de cinéma: elles finissent toutes un jour ou l'autre sur une affiche publicitaire vantant les mérites d'un monde parfait pour toute société d'accumulation qui se respecte. Une montre ou un quelconque produit de consommation au poignet ou à ses pieds, la star de cinéma sourit. Bonheur ultime. Voici le monde. Il faut bien manger, répliquera-t-on... Cynique. L'expression « bien manger » à son importance. Car c'est bien connu, la star de cinéma ne mange jamais vraiment à sa faim. Le plus marrant c'est que fondamentalement nous ne pensons pas que ce soit les objets dont-elles vantent les méritent qui posent problème, mais juste le discours que leurs images véhicules : c'est ça le bonheur.


Et le spectateur se gourant de rêve de songer intérieurement : « C'est quand le bonheur ? ». Les rêves des élites devenant les rêves du quidam. Fin de la question des aspirations personnelles, les rêves sont préemballés, il ne reste plus qu'à tout un chacun à se débrouiller pour trouver la somme nécessaire pour pouvoir l'emporter dans son caddies de supermarché des rêves en conserve ou sous forme de petit cachets, puis le poser en plein milieu de son salon ou le mettre dans son congélateur. En intraveineuse, pure, dilué dans dans un verre d'eau, ou en comprimé à avaler sec. Triomphe ultime, ou début du blues ?


Les icônes révolutionnaires sont devenus de simples marques, de vulgaires logos apposés sur des t-shirts portés par des adolescents plus ou moins boutonneux qui ne savent bien souvent pas qui sont ces personnages illustres qu'ils arborent presque fièrement sur leurs vêtements. Je dis bien « presque fièrement » parce que de la fierté ils ne savent rien. De Ché Guévarra aux Black Panthers en passant plus rarement par Patrice Lumumba ou Thomas Sankara, nulle n'échappe à la vampirisation. Le capitale tel un vortex, un trou noir sans fond, aspire, sans inspirer, suce et vide de sa substantifique moelle tout élément contestataire. Mantes religieuse ou veuve noire? Fin de l'histoire.

Le plus difficile pour l'individu est de composé avec sa condition. Animal social en dehors du groupe il n'existe que difficilement. Être misanthrope à ses limites.

Nous voulions que tout change, que tout soit différent, que tout soit autrement, mais il n'en fut et il en est rien. Le temps est passé et nous sommes demeurés. La peur est toujours en face qui nous nargue de sa superbe.


Qui changera tout ça ? Nos enfants peut-être ?


Il y a de quoi rire, mais d'un rire jaune qui porte en lui toute l'ironie du sort. C'est bizarre comment au final, les propos de nos parents nous disant que nous ne pouvions rien changer aux choses, raisonnent soudain d'un son cristallin à nos oreilles. Et dire que pendant longtemps nous avons cru qu'ils avaient tort et que nous étions dans la vérité, parce que nous pensions alors que nous l'incarnions. Nous nous sommes couchés.


Il est quatre heures du matin et je me lève. Il faut cultiver son jardin puisque « tout est pour le mieux dans le meilleurs des mondes possibles ». Restons candide. Bon sang qu'est-ce que je fous déjà debout à cette heure-ci ? Le bonheur appartient à ceux qui se lèvent tôt ou qui se couche tard. Oui mais ché va piano va sano. Et qui veut entrainer son lecteur loin dans la lecture ménage ses effets et le suspens. En haleine tenir la baleine et le parapluie.


La révolution était inéluctable prophétisait Antoine Doisnel, incarnation à l'écran de François Truffaut. Ses propos étaient repris puis samplés par le groupe de musique électronique pop et français qui portrait un nom en adéquation avec la teneur du propos, les Troublemakers. Les causeurs ou fauteurs de troubles. Quand les conditions sont réunis pour que la révolution ait lieu, elle a lieu poursuivait A. Doisnel. Oui mais, et nous le savions désormais que cette dernière ne serait pas télévisée, feu Gil Scott Heron dixit. Nous vivions une époque qui avait fait l'expérience de la fin des idéologies. Chacune ayant débouchées sur des atrocités ou sur des non lieux. Le terme révolution revenait pourtant comme en boucle dans la bouche de certains pour qualifier les mouvements de révoltes et de refus des conditions de vie dans le monde arabe. Mais après la fête triste, succédait la tristesse. Le pire devait se retrouver derrière et non devant, et pour cela le peuple s'était érigé tel un seul homme pour imposer aux pouvoirs en place ses idées. Mais le pouvoir lui a échappé. Faire tomber la tête d'un dictateur et voir repousser la tête d'une autre dictature qui s'annonce encore plus virulente que l'ancienne à de quoi démoraliser. L'hydre à mille têtes cachait bien son jeu. Mais Shakespeare nous avait déjà prévenu. Les tyrans se succèdent, c'est dans l'ordre des choses. Seulement nous devions, nous aussi, en faire l'expérience et croire que nous pouvions faire en sorte que le résultat qui nous étaient prophétisé ne soit pas concrétisé. Il n'en est rien. Retour case départ. Fallait-il pour autant resté assis le cul sur nos fauteuils à rêver d'un autre monde ? Non. Au moins aujourd'hui nous pouvons nous targués d'avoir essayé. Et rien ne nous dit que nous n'aurons pas l'énergie nécessaire pour tout recommencer. Quand nous nous sommes levés pour que change le monde, nous avions juste oubliés que nous n'étions pas les seuls à vouloir ce changement mais qu'en plus de cela nous ne voulions pas tous aller dans la même direction.


Pourquoi, par exemple, ceux qui veulent fonctionner et vivre dans une dictature ne laisserait pas tranquille ceux qui veulent vivre dans une démocratie ? L'une et l'autre fonctionneraient tranquillement et réaliseraient leurs objectifs sans avoir à s'affronter ou à se salir les mains pour autant. Mais on me dira que le propre d'une dictature est de faire fermer sa gueule à ceux qui souhaitent vivre en démocratie... Une dictature aux mains propres ça ressemblerait à un slogan du front nationale peu de temps avant que certains de ses représentants ne tombent pour avoir mis les mains dans la magouille. Tête haute, main propre... ça c'est pour la façade. Dans l'arrière cour on peut lire ceci : La connerie a encore de beaux jours devant elle. Fin de l'utopie, commence le réel.

05/03/2012

Première ligne

Spéciale dédicace à toutes celles et à tous ceux
Qui comme moi ont choisit l'espace du dialogue

L'espace du dialogue comme champ de bataille
Et qui n'ont pour hôte que leur style

Style hostile à toutes les débilités qui de par le monde
En pâture leur sont livrées

Une armée de stylos tout juste constituée
Quand commencent les hostilités

Paré à parer à toutes les éventualités
Que leurs livreront les actualités

Et qui placent leur espoir dans la première ligne

Première ligne

Il faut savoir rester à la hauteur de la première ligne
Ne pas couler sous un flot d'inepties
Garder en nous le souffle nécessaire
Pour insuffler ce qu'il faut de justesse à nos propos
Ne pas se laisser submerger par un trop plein d'émotions
Qui viendrait brouiller un peu plus les pistes

Concision et non circonlocution
Rester au niveau de la ligne de flottaison
Entre raison et émotion

Suivre le fil de la narration
Adopter l'allure du spécialiste du marathon

Ce n'est ni un sprint, ni une course de fond
C'est de précision d'ont il est question
Tourner à vide ou à plein régime et ça en serait fini de nos intentions
Elles se perdraient, deviendraient tergiversations

Garder à l'esprit la ligne d'horizon
Tenir le cap, tenir bon

Spéciale dédicace à toutes celles et à tous ceux
Qui comme moi ont choisit l'espace du dialogue
L'espace du dialogue comme champ de bataille
Et qui n'ont pour hôte que leur style
Style hostile à toutes les débilités qui de par le monde
En pâture leur sont livrées

Paré à parer à toutes les éventualités
Que leur livreront les actualités
Et qui placent leur espoir dans la première ligne

Kind'a

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