14/08/2013

RETOUR AUX PAYS


Et que ceux qui savent partir le fassent moi, je ne sais pas le faire et tant pis.
 Je me reconnais dans cette incapacité à me mouvoir dans ce sens, ou plutôt de cette manière.

Je préfère rester ici avec moi-même et cette limite...
Appelez-la comme vous voulez : incapacité, conservatisme, frilosité, peu m'importe.


Je n'ai rien contre ceux qui partent, tant que cela est de leur propre volonté et qu'ils y trouvent un plaisir particulier qui enrichi leur personne où je ne sais quoi d'autre. Que l'on me laisse à moi aussi la possibilité, le droit de ne pas vouloir suivre le mouvement de cette foule. J'ai pour la houle une aversion sans borne. Je vomis tripes et bile. 

J'aime regarder la mer et je pense que je ne m'en lasserais jamais...
Certains ont bien écrit leur plus belle page de littérature et ceci sans ratures au sujet d'aventures qu'ils n'ont jamais vécu... Etait-ce moins vrai pour autant ?
Jules Vernes a-t-il été jusqu'à vingt-mille lieux sous les mers ? 
Non que je sache ! Voilà la force de l'esprit... Elle peut conduire loin. Faut juste pas s'égarer en chemin. Prendre des vessies pour des lanternes. 
C'est la seule chose qu'il faut savoir... Et encore s'il vous plaît de vous perdre, alors perdez-vous... 
Au diable les limites... 

Je suis si souvent parti... 
Laissez moi donc rester là, à vous regarder partir belle amie et vous autres aventuriers qui rêvez d'ailleurs. 
Je reste avec les miens et tous les autres que vous traités de frileux ou de poules mouillées.

Il faut bien que quelqu'un tranche pour que chacun puisse prendre la part qui lui revient. Je ne sais pas partir, et par dessus tout je ne souhaitais pas partir, alors je suis resté, bien que je sois physiquement parti...

Exilé, tel est le nom dont ils m'ont alors affublé. Je sais quel enseignement j'ai tiré de ce voyage involontaire, il s'exprime ici dans mon refus de partir. C'est contre ma nature que l'on est allé. 
Je ne vais pas de mon propre grès aller contre mon sens. Ce ne serait pas avoir du bon sens, un non sens en somme. Dans ma nature cette façon de faire est contre-nature, contre productive... Le vide, le rien.
Je ne sais rien faire qui n'ai de sens... Certains peuvent ne pas s'y retrouver mais il n'en demeure pas moins qu'à mes sens cela reste sensé. 

Longtemps j'ai été contrarié dans mon mouvement intérieur. Pour être clair, j'ajouterais que mon fort intérieur est d'être casanier. 
Je ne dis pas que si le temps se gâte je ne bougerais pas - je suis sensé - mais mon mouvement sera l'expression d'une adaptation aux circonstances qui, elles, s'imposent. Je ne nie pas la réalité mais tant que je peux me l'imaginer, je me demande bien ce que j'irais faire à me la coltiner, je la sais désormais cruelle. Folie que tout cela serait.

Mais bon, vous trouverez un nombre incroyable d'individus qui vous diront que si je n'avais fait ce voyage en exil, ma réflexion ne serait pas aussi avancé sur la question. Peut-être, peut-être pas.

Laissez moi croire que je peux remettre cette affirmation en question. Je sais qu'on ne refait pas l'histoire, on en tire un enseignement ou non. Disons que j'ai fait ma part. C'est à cela que servent les expériences et à rien d'autre. Que chacun en tire ses conclusions et fasse ce qu'il doit avec.

Un point à l'horizon

Tant que je n'avais franchi la limite, tant que je ne m'étais pas retrouvé pris dans la houle, avalé par la foule, puis au final recraché par elle, je demeurais un point en interrogation. "?".

Qu'est-ce donc ? Est-ce, un individu comme les autres ? Un animal peut-être ? À-t-il une âme, ou n'en a-t-il point ?

Tant que je n'étais pas en mouvement, je demeurais sujet d'une interrogation, qui n'était pas mienne en réalité. Je demeurais sous le regard de l'oeil qui scrute, qui juge, s'interroge plus sur lui-même en réalité que sur ce qui se trouve face à lui. 
Car pour moi, les yeux des miens ne me renvoyait qu'une réponse, j'étais digne d'être aimé, j'avais une valeur, il fallait juste que j'exploite mon potentiel.

Dès l'instant où je me suis mis en mouvement, j'ai tenté d'échapper aux regards ou plutôt à la surveillance d'autrui, à sa méfiance qui me défiait dans les faits. Me mettais au défis de prouver que je n'allais pas commettre les crimes qu'ils commettaient à longue de temps à travers le vaste monde. Le regard accusateur ou plus précisément dominateur, m'imposait ses propres terreurs, ses propres peurs, celles qu'il tentait de maîtriser mais qu'il n'arrivait pas à ne pas assouvir. Il cédait sans cesse à la tentation du meurtre.

La question n'est pas suis-je le gardien de mon frère ? Mais plutôt : si je ne suis pas le gardien de mon frère qu'est-ce que cela change qu'il soit là où pas ? 
Ne devons nous pas veiller les uns sur les autres, être un secours, un recours plutôt qu'un problème, qu'il faut résoudre... ? 

 Je voulais un regard protecteur pas une surveillance rapprochée. Dès lors, je me suis mis à retourner la question à l'envoyeur. Oedipe contre le Sphinx.

Oedipe : Qu'est-ce qui est là et qui du haut de sa stature, passe son temps à poser des questions débiles, un genre de charabia que l'on nomme énigme et qui dans le fond n'a rien d'énigmatique ?

Bref, qu'est-ce qui s'ennui et veut faire chier le monde avec la menace sous-jacente selon laquelle si on n'apporte pas de réponse à ses questions ben on ne peut continuer sa route ?  

Le Sphinx : Le Sphinx bien sur !

Oedipe : Hey ben, oui parfaitement, du con ! Et je suppose que si tu poses la question que tu m'as posé avant que je ne t'interroge à mon tour c'est que tu connais la réponse, n'est-ce pas ?

Et si tu ne la connais pas, sache juste que la réponse à ta fameuse question est le cadet de mes soucis alors démerde toi et creuse toi un peu la tête.. Nom d'une pipe !

Le Sphinx : Heu, c'est très deep, comme réplique... Je veux dire très profond, oedipien, en somme. 

Et Oedipe de poursuivre son chemin tout en parlant en lui-même :

C'est quoi au juste une âme ? Qui a vocation à en définir les contours... ? Et de quel droit, de quel autorité ? 
Qui a conféré ce pouvoir, qui n'est pas une petite chose, une petite affaire, à ce juge suprême ?

Et l'homme, je veux dire tout homme, n'est-il pas un animal ? Après tout il vit bien dans un environnement, non ? Un environnement qui n'est pas différent de celui dans lequel les autres êtres vivants évoluent par ailleurs. Alors, qu'a-t-il de plus ou de moins ? Et, ce plus ou ce moins, le place-t-il nécessairement dans une posture de domination ?

N'a-t-il pas au contraire vocation, à prendre soin, plus qu'à ne vouloir plier le tout à son plaisir égoïste, ce d'autant plus que l'on sait qu'il y a un ordre naturel et que s'il venait à être troublé cela engendre forcément des troubles qui ont nécessairement des répercutions sur cet être qui se croit au-dessus de tout. Mais pas des soupçons, là dessus, il n'y pas de doute à avoir. La posture ou plutôt l'attitude dominatrice ou la volonté de toute puissance est forcément suspecte.

Que cherche-t-il à cacher, ou à fuir en lui qu'il ne veut voir apparaître dans l'environnement qu'il veut maîtriser au point de le mépriser et de se méprendre sur les autres, qu'il considère comme ses sujets ?
L'individu qui veut tout maîtriser a-t-il des questions à se poser qu'il refuse de se poser ?

La croisée des chemins

Beaucoup d'interrogations donc... 
Et dès lors que l'on prend conscience de cela, on comprend tout le travail que le dominant ne veut pas faire sur lui même. Et dont-il ne peut se départir, ne serait-ce que pour son bien être personnel.

Nul, n'est le fardeau de personne, nul ne peut adopter cette posture par ailleurs. À chacun sa croix et à chacun sa route, son chemin. C'est là ce que l'on nomme destin, destinée, destination, etc.

Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins, nos routes se séparent, mais comme nous vivons ici bas, dans ce monde mondialisé, nos routes se recroiseront forcément. Nous verrons alors si nous avons tiré chacun un enseignement du chemin, du trajet parcouru.

En définitive, c'est Jean-Paul Sartre qui avait raison, on ne devient que dès lors que l'on arrive à composer avec ce que la vie à fait de nous. Ni remords, ni regrets. Juste se contenter d'aller dans le sens d'une amélioration de soi.

Encore faut-il savoir faire la part des choses entre ce qui nous aide à mieux vivre avec les autres et ce qui nous en empêche. Car s'il est courant de dire de l'humanité qu'elle est perfectible, il n'est pas précisé, ou si peu souvent, que cette amélioration peut aussi se faire dans le sens du pire. Ce qui n'est pas petit, comme on dit de là d'où mes parents sont originaires et où je m'en retourne, d'ailleurs.

Je ne saurais dire si je m'y plairais. S'il se trouve, je n'aurais qu'une envie, celle de déguerpir. Car, je ne pense pas que l'on puisse ne pas avoir été changé profondément, altéré, dans le sens où finalement après avoir été quelque part comme le "Moi, laminaire" de Césaire, plante, algue accroché à son rocher, se nourrissant uniquement des sédiments portés par les courants, il n'est pas dit que ce que l'on ingère nous nous ingère pas en retour... C'est peut-être cela le sens profond de la digestion.

Si tout est mouvement et plus précisément aller-retour, cela ne m'étonnerait pas. 
Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Et, je suis bien heureux de me savoir transformé, et non perdu. Je ne préoccupe pas comme d'aucun de chercher à savoir si cette formule est de Lavoisier ou de quelqu'un d'autre, puisqu'elle m'aide à vivre et que le plus important se trouve là.

Mais dans un monde régis par l'argent, et la "science", il faut citer ses sources, déposer sa marque. Une manière comme une autre de localiser, de situer géographiquement et de déplacer des territoires physique vers le champ du mental. Poser d'autres limites à la réflexion et donc à la recherche et à l'imagination.

Et là à nouveau on se retrouve face à ce vieux combat dans lequel nombre de nos prédécesseurs se sont engouffrés et sur lequel ils se sont souvent cassés les dents. Tout simplement parce qu'ils ne concevaient pas que l'on puisse concilier science et émotion, raison et imagination.

Les frontières sont minces et poreuses, sinon elles deviennent prisons. C'est cela qu'il importe de savoir ici, aujourd'hui.

 Je m'en vais donc, je repasse une autre frontière, je passe d'un bord à l'autre.

Et tout ça pour me rendre compte que les influences sont là depuis bien longtemps et que l'un est autre et que l'autre est un. En définitive, nous sommes tous uniques, mais tous semblables dans notre unicité.

Dès lors l'union, et l'unité reste envisageable et peut, voire même "est" souvent, et continue de se réaliser. Puisque tout est mouvement.

Dagara Dakin, in Retour au pays, page 2, aux éditions Factuel, 2011-2012.

10/08/2013

Sortir de la Grande Nuit...

La République est malade de son président et veut sur lui se refaire, une santé ou les dents. 

Le président dans les ores de son palais lui rit au nez... On crie, on court, chacun pour soi, et celui qui s'assoie seul dieu le voit, lève le pousse ou le baisse. 

Tous toussent, poussent, poussent dans la poussière, le vents. Les volutes des fumigènes partent en fumées. Les gaz lacrymogènes, dessinent sur les visages des orages torrentiels, il pleut des larmes. Des cordes si longues qu'un connard pourrait s'y pendre. 

On court se mettre  aux abris, aux abris... Cris au loup... Toujours lui hi, hi rit il sait qui il est tu t'attendais à ce qu'il soit surpris... Foutaises, conneries, plaisanteries.
Quand il n'y a plus de plaisir, il n'y a plus que de la gène. 

Et quand le président pète un câble c'est tout le pays qui pue, il tue. "Fichez moi la paix" se dit-il en son fort intérieur. Le tord est à l'extérieur, il a donc pour lui la raison du plus fort. Les armes. 

Le président se fout de l'arrêt publique. Lui c'est la caravane. Les chiens, considère-t-il, ce sont ses opposants. Et comme dit l'adage qui n'a plus d'âge : Ils aboient et lui, ben il passe. 
Le président à pour ces citoyens un amour pudique. 

"Le capitale lui fait l'amour torride". De temps à autre il lance a son publique des piques. Il embroche quelques opposants, les défie sur la place publique, puis sur les pics de ses colères les fiche. La chaleur monte sous les tropiques. A la une de la presse, soudain on s'empresse de parler de ce tremblement de terre dont on attend la prochaine réplique... On connaîtra bientôt le même sort que ces nombres de morts qui s'accumulent sur ce papier dans lesquels finiront divers détritus avant que de ne rejoindre le fond de nos poubelles.  

Et voici donc venu la conclusion car comme toute fable, celle du Président au service de ses citoyens, hi, hi, hi laissez moi le rire salvateur... Toute fable donc a sa morale.

En bref, comme qui dirait en résumé, selon mon humble opinion, celui qui demande à ce qu'on le laisse tranquille il faut le laisser tranquille et vaquer à nos occupations. 

Car nous devons être engagé tout en paressant et paraissant dégagé. 
La révolution par la désinvolture, en somme. Corps beaux, fier et altier, les nouveaux guerriers et les nouvelles guerrières défient les temps modernes... Agissent dans le silence des alcôves. C'est une armée des ombres au silence bavard, dont on cherche encore à connaître le nombre. 

Ils font et se fichent complètement de savoir qui s'en soucie. Ils ont pour eux la certitude que ce qu'ils font est juste et bien, et cela leur suffit... 

Qui veut rejoindre cette philosophie n'a pas besoin d'être encarté, d'avoir un parti, de rejoindre une page Facebook et faire un commentaire quelconque. Ce mouvement est déjà à l'oeuvre, il est dans le flux, le mouvement, le souffle du vent, il est en marche depuis la nuit des temps. Il se nomme parfois le don de soi. Allez donc ! Allons en avant. Plus avant... Encore. Avant... Avant l'esclavage, avant la colonisation, avant le capital, avant, juste un peu avant la grande nuit ... 

Car en ces temps immémoriaux il faisait jour sur le continent. (A suivre donc)

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