03/02/2011

Propos capital

Je ne crois pas au hasard mais en la concordance des temps. La vie n'est pas un cent mètres. Genre "s'en mettre plein les poches, plein la poire". Elle s'apparente plus à un marathon qu'à une course qui vous vide de tout vos sentiments. Ne surtout pas confondre vitesse et précipitation. Ne pas oublier cet adage célèbre, mais de moi seul connu puisqu'il est de mon propre cru, selon lequel "La vitesse grise mais l'ivresse qu'elle procure se nomme l'oubli". La question est de savoir ce que l'on veut oublier. Bien faire le tri si l'on ne veut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. La vie s'apparente plus à un marathon qu'à un cent mètres. Elle tient compte du principe d'endurance. La capacité de tout un chacun à gérer, prendre sur soi, garder la tête haute, le tout sans condescendance. Fierté n'est pas mépris des autres et donc de soi, mais bien au contraire. Tout au contraire. N'être faible que le temps de la récupération, reprendre son souffle et vouloir encore, ne pas en vouloir à qui que ce soit, juste vouloir... Encore. Le désir est nécessaire, le désir est moteur.
J'entre dans les couloirs du métro. J'attends quelques instants sur le quai. La rame arrive. Je m'y engouffre puis m'assois. J'ouvre le livre que je tiens dans les mains depuis peu mais que je ne lâche plus depuis des lustres. Page 17, nous sommes en 2001, j'ai 31 ans et je lis :
"Le capitalisme américain a engendré l'un des moments les plus prospère de l'histoire humaine. Il a produit des quantités inouïes de voitures, de légumes surgelés et des shampooings miracles et pourtant Eisenhower était président et le pays entier avait été transformé en une gigantesque publicité télévisée, une incessante exhortation a acheter plus, à fabriquer plus, à dépenser plus, à danser autour de l'arbre à dollar jusqu'à tomber raide mort de pure frénésie à force de tenter de garder la cadence."
Je reste bouche bée devant la dernière phrase. Je la relis et j'y trouve un sens inouï de la poésie, une poésie que je qualifierai d'absolu.
Un instant, je saisi le temps que peut nous faire gagner notre faculté à saisir le sens de la poésie. Cette dernière, en effet, selon moi, se sert du verbe comme moyen de transport et conduit l'amateur amoureux à la source, à l'origine.
Chose importante quand soudain vous débarquez dans un monde qui se trouve être sens dessus dessous.
Dans cette citation, tout est résumé en une espèce de concentré dans lequel tout un chacun peut y trouver ce qu'il y a de plus saisissant dans l'aberration que constitue le capitalisme : l'excès, la vitesse, la mort, le vide, le rien, le néant. Un manque flagrant d'imagination, en somme l'amour démesuré de l'argent. Non pas qu'il faille lui dénigrer toute utilité mais de là à en faire un objet auquel vouer un culte excessif, en somme à déifier, c'est pousser loin la bêtise.
Je reviens sur la première phrase de la citation extraite du livre de Paul Auster, Le diable par la queue. Ouvrage autobiographique, soit dit en passant, dans lequel l'auteur revient sur son rapport à l'argent le long de son parcours, au cours de sa vie d'homme. Et en relisant le début de la formule - comme qui dirait une formule magique - je saisi l'intérêt que je porte à cette phrase : "Il a produit des quantités de voitures, de légumes surgelés et de shampooing miracles..." Poésie de l'absurde. Oui la beauté de cette portion de phrase - comme qui dirait une portion de frite ou d'autoroute - tient au fait qu'elle est dans le fond et dans la forme l'expression de l'absurdité de la situation vécue.

En bref, le fond prend forme.

Dois-je le redire, vous redonner mon point vue sur le capitalisme ? Le capitalisme est absurde.
Mais en quoi réside son absurdité ? Selon moi, dans cette formule, l'absurdité, j'irai jusqu'à dire, la surdité du capitalisme s'exprime dans l'inventaire des objets auquel l'auteur procède et que produisent nos sociétés dites de consommation mais qui sont en réalité celles de l'accumulation (Comme le souligne si justement le philosophe Roger Somé). Les mots : voitures, légumes surgelés et shampooings miracles, mis bout à bout dans une même phrase sont insolites et incongrus. D'où la sensation d'étrangeté et de non sens.

Ces objets évoquent à eux seuls, pris isolément, des univers si différents, ne serait-ce que par leur nature, leur couleur ou encore leur forme que, le fait de les retrouver mentionnés les uns à la suite des autres dans une sorte d'enchainement, qui n'est pas sans rappeler le travail à la chaine en usine, provoque ce que je nomme "poésie de l'absurde".

J'y trouve de la poésie parce que je fais la distinction entre sonorité et réalité.

La part que je sublime : le son des mots, leur sens, leur musicalité, le rythme que l'auteur y insuffle et qui me permet à moi, lecteur fidèle de son œuvre, d'avoir le recul nécessaire pour ne pas me laisser ébaudir, éblouir. Ne surtout pas se laisser prendre au piège des mensonges que cette poésie cache. En somme : "Truste moi, trust me..."

La mondialisation, fille du capitalisme est le fruit d'un non sens. Il nous appartient à nous, enfants de cette fille dégénérée, générée par un non sens de donner sens à l'univers qu'elle a engendré. Et ça, fissa, fissa, avant que tout ne dégénère.

Je ne crois pas au hasard, tout au plus en la concordance des temps. Un phénomène qui - comme vous le savez maintenant - ne se produit qu'une fois tous les trente ans. Le temps d'une génération.
Lequel instant ne dure qu'un instant, court, bref mais intense. Celui de la compréhension. Une brèche s'ouvre et voila que commence l'aventure.

Toute naissance commence ou s'annonce par un cri. Toute naissance se fait dans la douleur. Tout mouvement, déplacement est fruit d'un effort, sans quoi ce serait l'ennui.

"La vie est un jeu de cartes, le destin s'en écarte, multiples sont les routes qu'il dévoile... personnes ne joue avec les mêmes cartes... Tant pis si on est pas né sous la même étoile "
"Paris est un casino, ou un carrefour, je joue les rouges de coeur... Caro " (I AM... SOLAAR, dès que sèchent mes larmes ; ) )

La vie n'est pas un cent mètres, elle s'apparente plus à un marathon. Elle prend en compte la notion d'endurance, la capacité que nous avons tous à pouvoir gérer, prendre sur nous, garder la tête haute, sans condescendance.

N'être faible que le temps de la récupération. Reprendre son souffle et vouloir.  Ne pas en vouloir à qui que ce soit, juste vouloir encore, et encore...

Le désir est nécessaire, le désir est moteur, il est parfois aussi menteur.

"Ah... qu'elles étaient chouettes, chouettes, les filles du bord de mer... Tsouin, tsouin". ( Les filles de bord de mer, Adamo versus Arno)

Autant savoir clairement ce que l'on veut. Surtout si on ne veut pas se retrouver à donner un soufflet au premier insolent qui se permettra de remettre en question nos choix.

C'est pourquoi je ne crois pas au hasard ... - ce sont nos choix qui produisent ce fameux événement qui ne se produit qu'une fois tous les trente ans. Le temps d'une génération - ... mais en la concordance des temps.

La vie en somme !

Il est encore temps, parce que nos vies nous importe tant, ne nous laissons pas exporter comme de la vulgaire marchandise ; )


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