01/02/2011

À la frontière, j'ai mes limites

Le 17 décembre au matin, mon frangin m'a conduit devant le CEG Godomé. Là avait été fixé un rendez-vous avec S et V. Un peu avant que nous arrivions au lieu du rendez-vous nous nous sommes arrêté sur le bord de la route dans une cafette pour prendre un petit déjeuner. Lequel petit déjeuner était composé de lait concentré dilué dans de l'eau chaude, le tout accompagné d'un peu de poudre de chocolat, un morceau de pain et une omelette préparé à l'africaine (1). Après le déjeuner j'ai retrouvé S et V sur le bord du goudron. De là nous avons pris la route en direction du Togo. Dans la voiture, outre V, S et moi, il y avait le chauffeur Anatole et le père de S. Deux heures plus tard, nous sommes arrivés à destination, à savoir la frontière togolaise. Là, le père de S nous a laissé S,V et moi afin que nous continuons notre périple plus à l'intérieur du Togo. Nous avons traversé la frontière à pied. Les douaniers nous ont fournir des visas d'entrée au prix de 10 000 francs CFA.

Vu les mouvements entre les différentes frontières, tout cela m'a semblé n'être qu'une comédie. Je veux dire que le fait que nous payions un droit de passage, me semblait ridicule, tant tout semblait n'être que l'expression d'un jeu de simulacre et que dans le fond les acteurs ne croyaient pas en la réalité de leur fonction. Nulle ne semblait croire en la validité de toutes ces procédures, si ce n'est pour faire entrer de l'argent dans les caisses. Ce qui soit dit en passant avait tout de même son importance, car l'argent lui conserve sa valeur. Il donne valeur aux actes, et ce même si les acteurs ne croient pas en la valeur de leur geste. L'argent vient comme contredire cette incroyance.

Un sentiment d'irréalité planait sur l'ensemble. Et je me demandais ou allait atterrir les quelques documents que nous venions de remplir pour obtenir nos visas. Et du fait de ma grande médisance, je m'imaginais que tout ces documents finiraient à la poubelle.

Existe-t-il des archives des douanes togolaises et béninoises? Peut-on, par exemple, dans le cadre d'une enquête, se fier à leurs documents pour faire des recoupements, croiser les informations recueillis de part et d'autre ? Ce système a-t-il une quelconque validité, un quelconque sens, de ce côté-ci de l'Atlantique ? Est-ce en ce sens que se pose la question ? Ou pour parler autrement : est-ce la question qu'il faut se poser ? Ne devrais-je pas plutôt me dire qu'il faut au contraire exiger de la part des acteurs de mettre un peu plus de conviction dans leurs actes et croire en ce qu'ils font, car ce sont eux qui leurs onnent du sens et nulle autre qu'eux ?

Je pense profondément que c'est ainsi que les choses devraient être envisagés et non dans l'abandon total de règlementation, sans quoi c'est à un réel chaos institutionnel que nous risquons d'avoir à faire face. Le peu d'état qu'il reste nous devons oeuvrer à le consolider et lui faire bénéficier des dernières améliorations en date. Je ne peux en effet me résigner à ce que les choses soient laisser à l'abandon et que tout aille dans le sens du désordre et du chaos. Tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possible par ici, c'est pourquoi je dois sans cesse continuer à cultiver mon jardin.

Et disant, cela je comprend le sens de la philosophie de Voltaire qui distille cette formule célèbre du "il faut cultiver son jardin" à la fin du Candide. Il me faut travailler à ma propre construction avant même que de ne songer à participer du monde. Mais toute la difficulté se trouve dans le fait que dans un monde globalisé, c'est dans la pratique du monde que l'on construit sa propre personne, son identité, seul moyen de se situer par rapport au reste du monde et donc de pouvoir interagir efficacement avec le réel.

L'identité étant ce qu'il reste une fois que l'on a tout oublié, c'est pourquoi la culture à son importance dans la construction de l'individu, elle en est un élément primordial en tout cas pour celui qui tient à trouver sa place dans ce monde et ne pas vivre continuellement dans la peur. Être maitre de son destin, libre de ses choix.

(1): revenu dans une bonne dose d'huile avec quelques poivrons et tomates coupés finement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Contact

dagara.dakin@gmail.com