06/01/2011

Propos du politique, n'est pas à proprement parlé politique

Cotonou, le 23/12/2010

Aux actualités, sur l'une des rares radios qui diffusent un programme encore digne de ce nom, j'apprends, d'une que le Cameroun vient de céder quatre-vingt-dix pour cent de ses parts à une compagnie coréenne sur l'exploitation d'une mine diamantifère qui se trouve devinez où... au Cameroun. Cette musique je l'ai déjà entendu et il n'y a rien de plus qui m'énerve que ceux qui essaient de faire passer une vieille rengaine pour une nouveauté de premier choix. Je vois donc rouge à défaut d'en boire, mais je dois me calmer. Et de deux. La nouvelle tombe annonçant que la Côte d'Ivoire se débat toujours avec ses démons. La véritable question à laquelle les Ivoiriens sont invités à trouver une réponse est la suivante : qui de Alassane Ouattara ou de Laurent Gbagbo sera autorisé par la communauté internationale à se moquer de sa population en restant sagement assis sur le siège que lui ont réservé les grands de ce monde que l'on ose encore appeler monde de la politique?

Pas le temps pour eux de prendre une décision. Leur donner le choix ? Mais pourquoi faire ... quand on sait que le peuple n'a plus droit à la parole depuis des lustres? Le choix est fait dans un concert unanime, mais pas par les Ivoiriens, pas par les premiers concernés, premiers consternés. Avec un nom pareil - Ivoiriens - comment voulez vous qu'ils soient capables de discernement... hein? Heureusement que la communauté internationale est là pour les aider à choisir leur poulain en la personne de Alassane Ouattara, mais à quel prix?
Et la CEDEAO, comme un seul homme se lève pour abonder dans le sens de la communauté internationale. Nous voilà sauvés, la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest s'expriment... enfin. Tient, tient… je ne savais pas qu'elle avait voix au chapitre. Pourtant, Blaise Campaoré en tête et en personne, comme qui dirait en chair et en os, avec quelque menu fretin du cru ont des leçons de moral à donner à Gbagbo. Il est balaise, le Blaise. Cela prêterait à rire dans un autre contexte mais, un peuple se meurt. Le sang des Ivoiriens coule déjà et la crainte d'une guerre civile pointe son nez à l'horizon. Laurent Gabgbo n'entend pas laisser le pouvoir, qu'il considère sien et espère bien qu'il le restera, proclame-t-il, par la voix de l'un de ces portes paroles. L'homme est bien silencieux ces derniers temps, il a besoin de porte voix. Je me demande bien derrière qui il se cachera lors de sa prochaine élocution? Personne. Il décide de recevoir des émissaires venus de toutes parts tenter de le ramener à la raison. Il évoque des pressions qui seraient exercées sur les dirigeants africains par la communauté internationale. Quoiqu'il advienne force est de constater que « la valse des gros derrières » [1] se poursuit. Et pour cause, malgré les agitations dernières, qui auraient pu laisser espérer ou croire à un changement d'orientation, la musique internationale demeure la même, le tempo idem, le sens de la mesure du chef d'orchestre - que celui-ci se nomme, Amérique, Chine, Inde, Brésil ou Europe - n'ayant pas fondamentalement varié on ne pouvait donc s'attendre à autre chose.


[1]. Expression que j'emprunte au cinéaste béninois Jean Odoutan, qui par là désigne non sans humour les politiciens ou tout au plus ceux qui se font ainsi appeler.

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